Au centre de renvoi du Grand-Saconnex, les gens n’ont pas la possibilité de voir un médecin et les gens ont froid ! Voilà en une phrase ce qui nous a consterné-es suite à nos trois permanences devant le centre, tenues durant les mois de septembre et octobre 2025. Non, nous ne sommes pas étonné-es : l’ensemble des problèmes évoqués par les résident-es se retrouvent dans les autres CFA en Suisse. Visiblement, le SEM n’a rien appris et les autorités genevoises non plus.
Plusieurs membres de notre coalition se sont rendus devant le centre afin d’y organiser des permanences avec de la nourriture et des boissons chaudes. Cette initiative visait à rencontrer les personnes habitant dans le centre, à recueillir leurs témoignages et à comprendre leurs besoins. A chacune de ces permanences, une trentaine de personnes, enfants, femmes et hommes, hébergées dans le centre sont venues échanger avec nous.

Les constats effectués lors de ces visites sont profondément préoccupants et soulèvent des questions graves quant au respect des conditions minimales d’accueil, de dignité et de santé :
- Accès restreint aux soins médicaux
Depuis le retrait des HUG du projet, les résident-es du centre n’ont plus accès à un-e médecin. Les urgences sont prises en charge par les HUG, mais les personnes mentionnent l’absence de suivi et de prise en charge médicale pour les problèmes non “urgents” (douleurs, troubles chroniques, santé mentale). Selon les personnes rencontrées, tout problème non urgent est traité à coup d’antidouleurs! A noter que le besoin de prise en charge des problèmes de santé mentale est particulièrement important pour ces personnes qui ont dû, pour la plupart, faire face à des expériences traumatisantes. Il faut également souligner que la possibilité de documenter rapidement et de manière détaillée l’état de santé des requérant-es est indispensable car cela joue un rôle prépondérant dans le traitement des demandes d’asile.
- Absence de moyens de transport suffisants
Les résident-es ne reçoivent qu’un ticket de bus par semaine et la quasi-totalité des personnes rencontrées nomment l’insuffisance de cette mesure. Certaines personnes n’ont pas pu se rendre à des rendez-vous médicaux, car elles n’ont pas eu accès à un moyen de transport pour s’y rendre. Cela a de même rendu impossible la participation à des activités associatives – parfois prescrites à des fins thérapeutiques.
- Absence de sécurité piétonne aux alentours du centre
Il n’y a pas de passage piéton devant le centre ! Les personnes (et notamment les enfants) traversent donc la route sans aucune sécurité, alors que c’est un axe routier où les automobilistes roulent vite.
- Froid et manque de vêtements adaptés
Les personnes rencontrées nous ont fait part du besoin de vestes, de chaussures et de vêtements chauds. Le vestiaire du centre est insuffisamment approvisionné, laissant plusieurs résident-es sans habits adaptés aux températures automnales. Malgré la proposition du Vestiaire social de livrer des vêtements déjà depuis juin dernier, rien n’a été entrepris par la Direction pour faire en sorte que les personnes logées soient décemment vêtues ! Nous avons dû mettre en place une récolte d’habits afin de pallier partiellement à cela.
- Nourriture de mauvaise qualité et aux horaires trop restreints
Plusieurs résident-es nous ont fait part de la mauvaise qualité de la nourriture dans le centre et d’horaires de repas trop restreints (11h45-12h30 et 17h45-19h00). Cela nous inquiète particulièrement pour les enfants. La carence en fer de ces enfants, après un parcours migratoire long et chaotique, est une problématique nommée par plusieurs des mères rencontrées : la nourriture du centre devrait pallier à ce problème, en offrant une nourriture variée, adaptée, en quantité suffisante et avec des horaires de repas élargis.
La Suisse et Genève ont non seulement le devoir mais également les moyens d’accueillir les personnes dans des conditions dignes et répondant à leurs besoins de base. C’est pourquoi nous demandons aux autorités fédérales et cantonales d’agir urgemment pour répondre aux besoins énumérés ci-dessus, et notamment :
- Assurer l’accès rapide et efficace à des médecins généralistes et spécialistes lorsque des besoins sont relatés ou détectés ;
- Délivrer automatiquement un abonnement TPG gratuit aux résident-es du centre ;
- Mettre en place un passage piéton sécurisé devant le centre ;
- Prévoir des quantités d’habits adaptés aux saisons en suffisance, pour les adultes comme pour les enfants, et en anticipant les changements de saison.
- Délivrer une nourriture de bonne qualité, en quantité suffisante et adaptée aux enfants, dans des horaires élargis.
Notre coalition continuera à se rendre régulièrement sur place, à la rencontre des résident-es. Nous resterons attentif-ves à ce qui se passe dans et autour de ce centre et nous alerterons les autorités et la population genevoise chaque fois que nous le jugeons nécessaire.