Fin 2023, le premier abri de protection civile à destination des personnes demandant l’asile, un «bunker», rouvrait à Thônex. Le second ouvrira à Plan-les-Ouates en mars 2024. Retour à la lutte «No Bunker» de 2015? Pas tout-à-fait, car il s’agit à présent de bunkers gérés par la Confédération, des Centres fédéraux d’asile (CFA) miniatures, en attendant l’ouverture du sinistre CFA du Grand-Saconnex.
No bunkers, encore et toujours!
Nous sommes toujours scandalisé·es par l’idée même de loger sous terre, comme des rats, des personnes qui viennent demander asile en Suisse, un des pays les plus riches du monde. Ce n’est pas un accueil que de proposer à des personnes de vivre sans fenêtres, sans cuisines, dans des espaces condensant plus de 100 lits, avec douches et toilettes collectives. Pour les personnes concernées, c’est une indigne punition et pour nous, c’est une honte.
Une gestion privée
Aujourd’hui, s’ajoutent deux éléments nouveaux par rapport à la lutte de 2015. D’abord, une prise en charge par le Secrétariat d’Etat aux migrations (SEM) et plus par l’Hospice général. Le SEM délègue la tâche de gestion à une entreprise privée (ORS) qui organise tout dans l’abri PC: de la sécurité à l’infirmerie en passant par l’animation. Ensuite, les personnes placées dans ces lugubres endroits sont arrivées très récemment en Suisse: ils (car pour l’instant il n’y a que des hommes) sont dans les 140 premiers jours après le dépôt de leur demande d’asile, avant d’être attribués à un canton. Difficile pour eux de critiquer cet indigne hébergement alors que leur arrivée est si récente…
Conditions de vie carcérales
Fin février, nous sommes passées voir le bunker de Thônex pour nous faire une idée. Nous n’avons pas eu le droit d’entrer, mais nous avons récolté quelques informations intéressantes:
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Des horaires de sorties (de 9h à 19h) restrictifs et des fouilles corporelles systématiques à l’entrée par des Securitas, y compris après être juste sorti fumer une cigarette, qui démontrent sans conteste le caractère carcéral de l’endroit.
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Des interdits sur les aliments et les objets pouvant entrer dans le bunker (sachez par exemple que les guitares sont interdites…).
- Des billets de transport public pour 1 journée par semaine uniquement, qui limitent les possibilités de se déplacer sur le Canton et surtout d’établir des liens avec la population genevoise.
- Une allocation financière de 20 CHF par semaine qui empêche toute autonomie.
À Thônex, il y a 132 lits, pour l’instant moins de la moitié sont utilisés. De notre côté, nous continuons à exiger la fermeture immédiate de ces lieux impropres à l’habitation !
No bunker
Pour des logements dignes pour les personnes migrantes