10 ans de renvois Dublin par la Suisse : Le bilan de Solidarité Tattes

L’ Appel Dublin face à un mur !

Cela fait 10 ans que la Suisse profite largement des accords de Dublin pour se débarrasser de 30% des demandes d’asile qui lui sont adressées, en renvoyant les personnes surtout vers l’Italie. Comme vous le savez, nous avons rencontré les autorités fédérales à plusieurs reprises, dans le cadre de l’Appel Dublin, afin de tenter d’assouplir cette pratique, au moins pour les personnes vulnérables.

Mais, ce que Solidarité Tattes constate, c’est que nous sommes face à un mur et que rien ne bouge :

  • Clause de compassion : niet ! Sur les 87 situations de personnes ou familles vulnérables que nous avons suivies depuis le début de l’Appel, 27 sont « résolues », c’est-à-dire que la demande d’asile de ces personnes est actuellement examinée par le SEM (elles sont « sorties » du régime Dublin). Mais c’est toujours au bout d’un combat fait de recours, de manifestations, de pressions de toutes sortes que les autorités fédérales laissent parfois passer le délai sans que le renvoi n’ait lieu. Ce n’est jamais parce qu’elles ont tenu compte des vulnérabilités des personnes lors du dépôt de la demande d’asile, ni parce qu’elles appliquent la clause dite de compassion. Que va-t-il se passer dès mars 2019, lorsque les requérant·e·s d’asile seront parqué·e·s dans des centres fédéraux, sans contact avec la société civile qui, seule, peut garantir un accès aux droits pour les plus vulnérables ?
  • Le renvoi de personnes victimes de traite : Sur les 10 situations de personnes victimes de traite que nous avons suivies, deux seulement ont trouvé une issue favorable. Les 8 autres personnes continuent d’attendre des décisions à leurs recours ou ont « disparu », suite à des décisions négatives. En Suisse, on verse des larmes de crocodile en regardant à la TV les images de personnes vendues comme esclaves en Libye, mais on n’hésite pas à les renvoyer au nom de Dublin lorsqu’elles demandent l’asile ici.
  • Les très vulnérables : Le renvoi vient parfois rompre un lien thérapeutique difficilement mis en place en Suisse, sans assurance aucune d’une continuation ou reprise du suivi dans le pays de renvoi. La Suisse a d’ailleurs été épinglée récemment par le Comité international contre la torture des Nations Unies à ce sujet. Pourtant, les renvois vers l’Italie de personnes nécessitant un suivi médical continuent.
  • La situation des femmes et des enfants nous inquiète particulièrement. Des femmes enceintes, des femmes seules avec des enfants en bas âge, des femmes victimes de violences sexuelles sont renvoyées dans des pays où aucune prise en charge adéquate n’est garantie. Nous avons suivi plusieurs situations où le renvoi vient carrément séparer la famille. A nouveau, les demandes de réexamen ou échanges de courriers avec les autorités fédérales afin d’alerter sur ces situations ne donnent aucun résultat.
  • Disparaître… La « disparition » des personnes vulnérables suite à une décision négative nous paraît problématique et nous préoccupe. Que deviennent, par exemple, ces femmes seules avec plusieurs enfants en bas âge, une fois qu’elles entrent dans la clandestinité ?

Puisque nos autorités refusent de nous entendre, nous avons soutenu la communication urgente aux rapporteurs spéciaux de l’ONU déposée par le CSDM.

Les renvois vers l’Italie de Salvini sont DANGEREUX

L’Italie a adopté le décret Salvini en octobre 2018. Dès lors, les conditions d’accueil minimales y sont moins que jamais garanties. Le récent rapport de l’OSAR prouve le manque d’accès au logement et aux soins, spécialement pour les personnes « dublinées ». A cela s’ajoute l’augmentation des agressions racistes depuis l’arrivée au pouvoir de Salvini.

Pourtant, Jerreh sera renvoyé à Rome après les fêtes de fin d’année. Saïd suivra. Mais nous ne les lâcherons pas et nous ferons notre possible pour les soutenir et pour vous informer de ce que signifie un renvoi Dublin en Italie.
STOP AUX RENVOIS VERS L’ITALIE !

Soutenons le Centre Suisse pour la défense des Droits des Migrants (CSDM)

Le CSDM porte devant les instances internationales des procédures juridiques visant à garantir les droits fondamentaux des requérant·e·s d’asile en Suisse. Afin que ce centre puisse poursuivre sa mission, vos dons sont indispensables !

IBAN 63 0900 0000 1464 8521 1

Pour plus d’infos : http://centre-csdm.org/nous-soutenir-2/

Droit de rester pour les Erythréennes et les Erythréens

Ces dernières années, de nombreux·euses Érythréennes et Érythréens ont demandé l’asile à la Suisse. La plupart d’entre eux·elles sont jeunes, beaucoup sont arrivé·e·s mineur·e·s sur le sol helvétique. Nombreux·euses sont ceux·celles qui voient désormais leur demande d’asile rejetée. Cela les condamne à l’angoisse d’un renvoi pour une durée indéterminée, car pour le moment aucun renvoi forcé vers l’Érythrée n’est possible. La situation étant toujours dangereuse, le renvoi n’est de toute façon pas une solution.

Ce rejet de l’asile les plonge également dans la précarité, du fait de l’exclusion de l’aide sociale et du refus de leur accorder le droit de travailler qui frappe les débouté·e·s de l’asile. Tous les efforts d’intégration effectués les années précédentes sont alors anéantis. Pertes sèches pour ces personnes et aussi pour la Suisse. Le problème est grave, il touche un grand nombre de jeunes à l’école ou en formation, dont le moral est tout à coup plombé et la motivation terminée, entraînant ces personnes sur la pente dépressive.

Pétition Droit de rester pour les Erythréennes et les Erythréens à télécharger ICI.

Nous vous souhaitons néanmoins de bonnes fêtes et comptons sur nos forces solidaires à toutes et tous pour 2019 !

Et d’avance, merci de vos dons toujours bienvenus !