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Les échos des centres fédéraux d’asile : déplorables
Malgré les clôtures et les restrictions d’accès aux Centres Fédéraux d’Asile (CFA), des requérant-e-s parviennent à nous communiquer ce qui s’y passe :
Délais de séjour dépassés : Alors que, selon le règlement, le séjour maximum dans un CFA est de 140 jours, après quoi les requérant-e-s d’asile doivent être transféré-e-s dans un centre cantonal avec des conditions de vie moins carcérales, ce délai est régulièrement dépassé depuis le début de la crise sanitaire.
Climat de violence : Des requérant-e-s témoignent d’un climat de violence permanent, avec des rixes régulières entre agents de sécurité et requérant-e-s ou entre requérant-e-s eux-elles-mêmes. Les enfants assistent à ces scènes. Des agents de sécurité eux-mêmes craignent un drame.
Règne de l’arbitraire : Les sanctions tout comme les « bons points» (sous forme de tampons !) sont distribués sans explication. Il n’est pas rare qu’un-e requérant-e ne sache pas pourquoi il-elle a reçu une pénalité ! Et les agents de sécurité ne distribuent pas tous le même nombre de tampons aux requérant-e-s d’asile pour les mêmes tâches. Or ces « bons points » permettent d’accéder à des TUP (travaux d’utilité publique) qui sont (légèrement) payés. Ils ont donc une valeur importante pour les requérant-e-s, mais ils sont distribués de manière arbitraire.
Solidarité Tattes a commencé à visiter le CFA de Giffers en début d’année, mais nous avons été stoppé-e-s dans notre action à cause du Covid. D’ailleurs, « visiter » est un bien grand mot, puisque nous avons dû rencontrer les requérant-e-s sur le parking ! Dès que les conditions sanitaires le permettront, nous retournerons à Giffers. Car c’est bien la proximité qui nous a permis de détecter par exemple les graves violences qui se sont déroulées dans ce CFA.
Abdoul Mariga, 30 ans, mort le 17 octobre 2020
à Conakry, après son renvoi par le SEM
Dans Le Courrier du 15 décembre 2020, nous apprenons que « Abdoul Mariga, 30 ans, est mort le 17 octobre dernier à Conakry, un peu de l’hépatite B, beaucoup de la politique suisse en matière de migration ».
En Suisse depuis 10 ans, Abdoul était cuisinier au CHUV (Centre Hospitalier Universitaire Vaudois). Il a pourtant été renvoyé par le SEM (Secrétariat d’Etat aux Migrations) vers la Guinée où il n’avait aucune attache, probablement déjà malade. Le SEM savait que la Guinée ne le régulariserait pas, mais il l’y a expédié de force.
Sans médicament, sans soins, sans logement, Abdoul est seul, terriblement seul, car il n’a aucune famille en Guinée où il n’a passé qu’une partie de son enfance. Il passe 11 mois d’errance à Conakry, sans papier, harcelé par la police. Ses amis en Suisse et sa représentante juridique l’aident de loin et font des démarches pour le faire revenir, tout en avisant le SEM de la situation dangereuse que vit Abdoul, mais sans succès.
Le 17 octobre, 2020, Abdoul meurt, toujours seul, à l’hôpital de la capitale.
Mme Emmanuelle Jaquet von Sury, porte-parole du SEM, M. Mario Gattiker, chef du SEM : Retranchés derrière des lois iniques, c’est quand même VOUS qui êtes responsables de la destruction sourde et aveugle de personnes qui devraient obtenir protection dans notre pays. Les fonctionnaires que vous êtes font marcher comme une horloge suisse la séquence: refus-renvoi. Et nous vous maudissons, pour Abdoul, pour d’autres que nous connaissons de près, pour cette année et pour les siècles des siècles !
Parfois, la lutte paie :
Mme N. pourra revoir ses enfants et son mari
Mme N. est afghane. Elle a fui son pays avec son mari, ses trois enfants et sa mère, qui souffre de graves problèmes de santé. Après un long périple migratoire, Mme N. et sa mère arrivent enfin en Suisse. Mais son mari et ses trois enfants restent bloqués au camp de Moria, en Grèce, où ils vivent un vrai cauchemar.
Pendant de nombreux mois, Mme N. se bat pour que ses enfants et son mari puissent la rejoindre. Nous parvenons enfin à contacter une avocate en Grèce qui réussit à faire sortir le père et ses enfants de Moria. Ils peuvent s’installer à Athènes. Mais des démarches juridiques interminables sont encore nécessaires pour que la Suisse accepte la réunification familiale. En attendant, Mme N. est rongée d’inquiétude et sa santé psychique en souffre. De nombreuses hospitalisations sont nécessaires.
Enfin les autorités suisses entrent en matière et la famille de Mme N. devrait arriver en Suisse prochainement. Nous sommes heureux de cette victoire. La lutte paie, mais elle coûte cher ! La santé de Mme N. mais également celle de son mari et de ses enfants ne sortent pas indemnes de ce long combat. Une histoire de plus qui illustre l’absurdité et la violence de la gestion de l’asile en Europe.
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