Voici la quatrième communication de notre série qui illustre, à travers des témoignages, la situation de personnes vulnérables menacées de renvoi au nom du règlement Dublin.
Cette semaine, nous vous parlerons de cette Suisse, berceau de la Convention relative aux droits de l’enfant et qui pourtant les bafoue lorsqu’il s’agit d’enfants requérants d’asile.
Solidarité Tattes, Amnesty International, Solidarité sans frontières, Droit de rester pour tou.te.s Neuchâtel, Collectif R, OSAR.
Les droits de l’enfant : bafoués par la Suisse
Dès qu’on évoque les enfants migrants, on pense à la Convention relative aux droits de l’enfant, entrée en vigueur en Suisse le 26 mars 1997. En 54 articles, toutes les situations possibles sont évoquées et ces articles visent un seul objectif : qu’il y ait une attitude respectueuse et bienveillante quand on doit prendre des décisions relatives aux enfants.
Il y a aussi ces souvenirs qui planent, quand on parle des enfants migrants : Pestalozzi et le droit des enfants à être des enfants, les Villages d’enfants nés pour accueillir les enfants après la guerre mais qui ont disséminé partout dans le monde pour apporter aux enfants le droit d’être des enfants, la Croix-Rouge, Terre des Hommes, pour ne citer qu’eux, établis sur sol helvétique. Bref : les droits de l’enfant semblent une cause acquise, du moins en Suisse.
Eh bien non. La Suisse bafoue les droits des enfants requérant-e-s d’asile, comme vous pouvez le lire dans le témoignage qui suit.
Renvoi, séparation de la famille, puis… permis en Allemagne !
La famille A. vient de Syrie. La fillette de 20 mois a un handicap moteur nécessitant un suivi intensif en neurologie pédiatrique. Sur leur parcours migratoire, ils-elles traversent l’Italie pour se rendre en Suisse, avec leurs parents et cousins qui y sont admis. Le SEM leur rend une décision NEM Dublin.
En janvier 2018, le père de la famille A. est renvoyé seul à Catane (Sicile) : la jeune mère et leur petite fille handicapée étaient auprès des grands-parents dans un autre canton au moment du renvoi.
La mère, très éprouvée sur le plan psychologique, a besoin de l’aide de ses parents pour s’occuper de sa fille. Le lien avec les grands-parents est d’autant plus fort et important que toute la famille a fui ensemble et que la jeune mère n’a jamais vécu sans eux. Cette famille-là, la Suisse l’a séparée.
Quelques semaines après son expulsion, le père est revenu en Suisse. Le couple a pris la décision de fuir en Allemagne, le passage du père à Catane ne l’ayant pas rassuré sur les perspectives et possibilités de prise en charge là-bas. Le père, la mère et la fillette ont tous les trois reçu le statut de réfugié-e en Allemagne ! Ils-elles sont logés et leur fille reçoit les soins dont elle a besoin. Ils-elles sont soulagés et heureux. Leur vulnérabilité a été reconnue, la clause de souveraineté appliquée. Et l’Allemagne ne s’en porte pas plus mal. Qu’on se le dise.
L’application de la clause dite de compassion contenue dans le règlement Dublin est nécessaire, urgente et POSSIBLE !
L’Appel Dublin demande au SEM et aux autorités fédérales de respecter la Convention relative aux droits de l’enfant et de:
- Protéger les enfants en âge d’aller à l’école ;
- Protéger les enfants qui nécessitent un suivi médical ;
- Garantir aux enfants la possibilité de vivre auprès de leurs deux parents;
En renonçant à prononcer des décisions NEM Dublin dans ces cas !