Renvoi de Tahir: plus de 300 personnes pour dire STOP aux renvois forcés!

Renvoi de Tahir : nous étions plus de 300 ce 24 février pour dénoncer la lâcheté du Conseil d’Etat genevois et la complicité des HUG avec la police.

STOP aux renvois forcés !

STOP aux renvois vers l’Ethiopie !

Prise de parole de Solidarité Tattes

Au nom de Solidarité Tattes, je viens vous dire pourquoi c’est sous les fenêtres du Conseil d’état genevois que nous manifestons aujourd’hui :

Solidarité Tattes ainsi que d’autres collectifs contactent régulièrement le Conseil d’état. Par exemple, pour demander des papiers et le droit de travailler pour Ayop ; ou pour exiger la régularisation des jeunes déboutés qui se voient bloqués à l’aide d’urgence sur le long terme ; ou pour ne pas renvoyer une femme enceinte ; ou encore pour ne pas renvoyer une personne victime de torture.

Et bien sûr, le Conseil d’état a été contacté pour ne PAS renvoyer Tahir Tilmo par vol spécial, le 27 janvier 2021. Pour Tahir, nous avons ameuté tout le Conseil d’état : Poggia, Torracinta, Hodgers et Apothéloz.

Et comme d’habitude, leur réponse c’est : mensonges et lâcheté.

Acte 1 : les mensonges

Voici ce que nous répond à chaque fois le Conseil d’état, je cite : « Nous tenons à vous rappeler que la politique d’asile relève de la compétence exclusive de la Confédération et que les cantons ne disposent d’aucune alternative légale à leur obligation d’exécuter les décisions rendues par les autorités fédérales ». Vous nous rabâchez cette phrase inlassablement, à chaque courrier, à chaque demande. Et pourtant c’est faux !

Car il existe bel et bien une marge de manœuvre qui se trouve entre les mains du canton. C’est bien vous, M. Poggia, qui donnez l’ordre d’aller chercher Tahir sur son lit d’hôpital, c’est bien vous qui donnez l’ordre de l’attacher dans le vol spécial degré 4, le 27 janvier 2021. Vous auriez pu ne pas le faire.

Et c’est bien vous tous, Apothéloz, Hodgers, Torracinta, que nous avons directement sollicités pour empêcher ce renvoi et qui ne l’avez pas stoppé. Car vous aussi, vous auriez pu l’empêcher.

LA SUITE ICI: Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Solidarite Tattes

Prise de parole des ami-e-s de Tahir

A-C Domine

En date du 27 janvier dernier vous avez pris la décision de renvoyer notre ami Tahir Tilmo par « vol spécial » en Ethiopie, malgré les nombreux appels de ses amis, de son avocate et en dépit du fait que son état de santé était au plus bas en raison de sa grève de la faim et de la soif entreprise 4 jours auparavant, qui l’avait amené à être hospitalisé quelques heures avant à la demande du Dr Brander.

 Depuis son arrivée en Suisse il y a un peu plus de 5 ans et bien que débouté et sans droits depuis plus de deux ans, Tahir a toujours été un membre actif de la vie communautaire genevoise. Il était connu et apprécié par tous ceux qui avait la chance de le côtoyer. TAHIR ÉTAIT UN EXEMPLE D’INTÉGRATION RÉUSSIE : Il a appris le français rapidement, il a tissé des liens avec un large réseau d’amis ‘autochtones’ qui non seulement l’apprécient, mais tiennent profondément à lui. Il aimait ce pays et il a VRAIMENT essayé de montrer qu’il pourrait y apporter une réelle contribution. Il ne souhaitait qu’une chose, c’était que ce pays lui donne une chance, une chance de poser ses bagages, une chance de vivre en paix.

LA SUITE ICI: Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Ami_TahirAC

J. Franck

Nous sommes nombreux parmi les amis de Tahir à nous poser de nombreuses questions, et nous voulons aujourd’hui en adresser quelques unes publiquement aux HUG, au SEM, et au conseil d’Etat.

Aux HUG, nous posons les questions suivantes :

  • Tahir a passé tout l’après-midi avant son départ aux urgences, surveillé par deux gardes. En tout et pour tout, il aura eu une consultation de quelques minutes par le médecin interne, et une autre de quelques minutes par la psychiatre. Aucune des deux n’a pris contact avec le généraliste ou le psychiatre de Frambois qui le suivaient depuis plusieurs mois. Par contre, un appel a été passé au médecin d’OSEARA, l’entreprise privée chargée de délivrer le certificat médical « fit for fly » permettant de mettre Tahir dans l’avion.
  • Les médecins étaient-ils en mesure de décider sur la base d’entretiens si courts que Tahir, pourtant très affaibli par sa grève de la faim et de la soif, n’avait pas besoin de rester à l’hopital?
  • Les médecins savaient-ils qu’en écrivant dans leur rapport qu’une hospitalisation n’était pas nécessaire, ils donnaient le feu vert pour le « fit for fly » d’OSEARA et ainsi le renvoi de Tahir?
  • Et plus généralement : existe-t-il une procédure de prise en charge de ces personnes sur le point d’être expulsées qui arrivent aux HUG, et les médecins y sont-ils formés ?
  • La police a-t-elle le droit d’embarquer de force un patient qui ne se trouve pas au quartier cellulaire des HUG mais aux urgences ?
  • Est-il normal que les consultations soient faites en présence d’un garde et avec des menottes aux pieds ?

LA SUITE ICI:  Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Ami_Tahir

Prise de parole de la Coordination asile

A. Brina

Je vais essayer de donner quelques éléments de contexte, parce que le vol spécial vers l’Ethiopie qui nous occupe aujourd’hui n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans une histoire et dans une politique.

On oublie parfois qu’il fut un temps pas si lointain où les vols spéciaux n’existaient pas, et où la Suisse pourtant se portait tout aussi bien. En 1985, la Coordination asile genevoise a tenu une assemblée générale contre les premiers rapatriements forcés : plus de 1’500 personnes sont venues à cette assemblée générale. C’était les premiers vols spéciaux et c’était choquant – notre société serait-elle en train de s’habituer à cette violence?

Il y a eu ensuite toute une série de lois qui sont venues renforcer les niveaux de violence admis pour de tels renvois : détention administrative pouvant aller jusqu’à 1 an et demi, possibilité de renvois échelonnés. Qu’est-ce qu’un renvoi « échelonné »? C’est la possibilité d’exécuter le renvoi d’une famille en plusieurs étapes. Par exemple: on renvoie d’abord le père sous une contrainte maximale, puis la mère et les enfants, qui sont obligés de suivre.

Rappelons aussi que les vols spéciaux ont déjà provoqué la mort d’au moins trois personnes dans le passé en Suisse (arrêt cardiaque, étouffement).

Si j’ai pris ces quelques jalons, parmi d’autres, c’est pour montrer que nous sommes pris dans une glissade sans fin vers l’inhumanité. Qu’allons-nous bientôt encore inventer? Quelle mesure encore plus inhumaine va-t-on bientôt nous vendre avec l’illusion qu’elle permettrait de stopper le phénomène planétaire des migrations? Quelle est la limite? Elle a selon nous été franchie, c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui.

LA SUITE ICI: Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Coord asile