Incendie des Tattes : quelles conséquences 10 ans après?

Le jeudi 15 novembre marque les 10 ans de l’incendie du foyer des Tattes. Pour l’occasion, Solidarité Tattes a organisé un moment de commémoration au foyer. Vous trouverez ci-dessous quelques images et témoignages de ce moment, mais aussi un texte revenant sur ces 10 années de lutte, et sur les perspectives futures.

Steve et Aliu, sinistrés de l’incendie des Tattes, témoignent 10 ans après:

Steve: “10 ans après, ma situation est mauvaise. Ma santé est mauvaise. J’ai mal, vraiment mal. Chaque jour j’ai mal. Je ne peux pas travailler, je dépends de l’aide sociale. Je n’ai rien reçu en compensation de l’état, seulement l’aide sociale. Au début à l’hôpital ils ont commencé par me dire que je ne remarcherai jamais. Une personne handicapée, qu’est-ce que le gouvernement doit faire pour l’aider? Moi je n’ai rien reçu. J’ai demandé l’AI mais je ne reçois rien. Partout ils me disent non. On ne peut pas vivre toute sa vie avec si peu.”

Aliu: “J’ai eu des fractures de la colonne vertébrale. J’ai fait une semaine d hospitalisation, ils ont dit que ce n’était pas grave. Mais en sortant j’ai senti mon pied gauche comme cassé. Une semaine après je ne pouvais plus marcher. Alors ils ont vu que je ne pouvais plus rester debout, ma colonne était cassée. Avec un faux pas je pourrais être handicapé. J’ai fait une demande AI et ils m’ont accepté à 50%. Mais avec le droit suisse je n’ai pas le droit de toucher cet argent car je n’ai pas travaillé 3 ans avant l’incendie. Aujourd’hui j’ai encore des séquelles dans la tête et partout. Je fais des cauchemars. J’ai le permis F et je suis coincé à l’aide sociale, donc je ne peux pas faire de regroupement familial. Je ne peux pas voir mes enfants.”

Steve et Aliu, Foyer des Tattes, 15 novembre 2024

Incendie des Tattes: quelles conséquences 10 ans après?

Pas besoin de refaire encore une fois l’histoire détaillée de la catastrophe des Tattes, survenue dans la nuit du 16 au 17 novembre 2014. Nous ne rappelons que 2 dates :

  • La nuit du 16 au 17, avec la mort d’un requérant pris au piège d’un système anti-incendie déficient, les défenestrations pour échapper aux flammes, le délai anormalement long pour envoyer les pompiers, l’abandon des sinistrés à leur triste sort, certains terrorisés quittant rapidement la Suisse, d’autres lamentablement « indemnisés » à hauteur de 500 CHF pour les torts subis, et d’autres encore reconnus aujourd’hui comme invalides à 100% mais sans droit à toucher l’assurance invalidité,
  • Après 10 ans d’abandon, les 4-5-6 mars 2024, un procès en appel qui incrimine enfin le principal responsable de ce grave accident : l’Hospice général sous les traits de M. C. Hauswirth, responsable incendie de nombreux foyers pour requérant-es d’asile, tâche impossible à assumer pour une seule personne. Deux Protectas sont aussi accusés de ne pas avoir fait exactement ce qu’il aurait fallu, encore qu’on ne voie pas comment ils auraient pu le faire, avec un système anti-incendie qui dysfonctionnait.

Mais l’état ne se laisse pas accuser, même quand ses fautes sont évidentes, et rebelotte : M. Hauswirth (et les Protectas) font recours au Tribunal fédéral. Autant dire que la justice devrait nous promener encore… quelques années. Intolérable, pour les personnes gravement atteintes dans leur santé physique et psychologique, sans parler de leurs difficultés administratives et financières pour survivre chez nous.

Le Collectif Solidarité Tattes, né début 2015 pour soutenir les sinistrés, continue et continuera de :

  • Dénoncer le traitement injuste et discriminatoire des réfugié-es qui sont tellement mal considéré-es que les mesures élémentaires de sécurité n’étaient pas prises à leur égard, au Foyer des Tattes, en 2014 ;
  • Dénoncer une justice fantôme qui se fait attendre plus de 10 ans, sans réparation, sans excuse, sans indemnités ;
  • Demander au Conseil d’état genevois de reconnaître une fois pour toutes sa responsabilité dans la catastrophe des Tattes et de faire le nécessaire pour que les victimes soient elles aussi reconnues, en accédant à un permis de séjour valable, à une rente AI le cas échéant.

JUSTICE POUR LES SINISTRES DES TATTES, VITE !