Newsletter 29/03 – Covid-19 dans les CFA! – l’Appel Dublin à Giffers

“Restez chez vous!”
“Mais c’est où, ça, chez nous???”

En ce moment, nous annulons les réunions de notre comité, mais nous sommes toujours en lien avec les personnes qui ont besoin de nous et à disposition de celles qui nous cherchent, par téléphone et par mail. Le COVID-19 ne nous empêche pas de nous informer, de réfléchir, de nous souvenir et d’agir, même au ralenti.

L’appel de Solidarité sans frontières (SOSF) : Le SEM en quarantaine, tout de suite!

Solidarité sans frontières a lancé un appel, soutenu par plusieurs dizaines d’associations, demandant urgemment au SEM (Secrétariat d’Etat aux Migrations) de continuer à enregistrer les arrivées mais de suspendre les procédures d’asile. En effet, les conditions de confinement rendent impossibles le droit à un soutien juridique des personnes en exil. Et pour des raisons de santé publique, ce maintien des procédures d’asile est absurde. Il signifie continuer les auditions, soit le déplacement et le regroupement d’au moins 5 personnes durant plusieurs heures.

L’OSAR, JDS, et le CSP le disent aussi

Le 20 mars, l’OSAR adresse une lettre au SEM où elle demande la suspension de toutes les procédures et auditions d’asile.

Le 23 mars, dans un communiqué de presse, les Juristes Démocrates de Suisse (JDS) demandent d’urgence une prolongation des délais de traitement du SEM et du Tribunal administratif fédéral, la suspension jusqu’à nouvel ordre des auditions d’asile non urgentes, la renonciation jusqu’à nouvel ordre à rendre des décisions négatives en matière d’asile et la suspension immédiate de tous les délais pertinents.

Le 26 mars, le CSP (Centre Social Protestant) informe : “Malgré des demandes répétées émanant de toute part, les autorités fédérales refusent de suspendre le traitement des demandes d’asile. Le CSP de Genève leur adresse ce jour une lettre ouverte pour expliquer en quoi cet entêtement menace l’effort collectif pour lutter contre la propagation du COVID-19.”

Voir aussi Le Courrier du 26.03.20 : “La politique migratoire plus importante que la santé publique?” de Sophie Malka (CSP) et Amanda Ioset (SOSF).

Pendant ce temps, dans les CFA

L’appel de SOSF (voir ci-dessus) permet également de dénoncer les conditions de vie dans les CFA (centres fédéraux pour requérant·e·s d’asile). Si l’accès à la santé était déjà difficile avant le COVID-19, il devient à présent encore plus compliqué. Les centaines de demandeurs·euses d’asile qui y vivent dorment dans des dortoirs et passent leurs journées dans des salles communes où les distances de sécurité ne sont pas applicables. Selon nos informations, les dortoirs sont pleins, les distances ne sont donc pas respectées, les nettoyages des lieux communs ne sont pas assez fréquents.

Enfin, la pression mise sur les personnes en exil n’est aucunement allégée en cette période angoissante de pandémie. Alors même que les renvois Dublin sont suspendus, aucune information n’a été faite aux migrant·e·s menacé·e·s de renvoi, qui s’endorment toujours la peur au ventre de vivre une déportation le lendemain. On maintient des personnes en détention en vue de renvois qui ne peuvent avoir lieu : absurde!

Voir aussi : https://www.rts.ch/info/suisse/11198378-la-promiscuite-dans-les-centres-federaux-met-en-danger-les-requerants-d-asile.html

Giffers 11.03.2020 : CFA en rase campagne

Un document du SEM: “Les 12 facettes des CFA”

Le SEM présente les CFA à la population avec son document “Les 12 facettes des CFA” (https://www.sem.admin.ch/dam/data/sem/asyl/broschuere-asylzentren-f.pdf): c’est une manière lisse et harmonieuse de présenter ce qui ne va pas. Non, une chose a l’air d’aller: c’est la facette n°3 intitulée “Les CFA source d’emplois” pour les communes et les régions concernées!

La facette n°5 propose “Des programmes d’occupation qui profitent à tous”. Nous avons vu de nos propres yeux un mini-bus qui emmenait des requérant·e·s… damer les pistes de ski de fond de la région. Question : quel peut bien être le contact entre un requérant au cœur lourd qui dame la neige en attente d’une interview à Berne et un sportif suisse aux pieds légers qui s’emplit les poumons d’air frais sur les bords du Lac Noir ?

La facette n°6 présente “Scolarité et CFA: Les enfants de requérants d’asile en âge d’être scolarisés qui sont présents dans un CFA y bénéficient d’un enseignement de base dans le cadre de la législation cantonale”. Ielles y étudient les mathématiques un peu et ielles dessinent beaucoup. Mais ielles ne reçoivent aucun enseignement d’anglais, d’allemand ou de français, en tous les cas pas à Giffers.

Et la facette n°7 nous dit: “Dans tous les cantons et communes abritant un CFA, des habitants s’engagent en faveur des requérants qui séjournent dans ce centre. La Confédération approuve et encourage la participation de la société civile”. Pourtant, ce n’est pas ce que nous avons expérimenté à Giffers. Nous qui voulions tenir nos permanences à l’intérieur du centre, nous avons dû rester sur le parking, après maintes démarches pour obtenir le droit d’y stationner quelques heures.

Giffers 11.03.2020 : Solidarité Tattes à l’écoute des requérant·e·s

Une visite sur le parking du CFA de Giffers

Le mercredi 11 mars, nous avons tenu une permanence sur le parking du CFA de Giffers. Cette permanence aurait dû être suivie de plusieurs autres, annulées à cause des mesures sanitaires décidées ensuite. Ces rencontres avec les requérant·e·s devaient continuer le travail effectué ces dernières années par la coalition de l’Appel Dublin, consistant essentiellement à répertorier les situations NEM DUBLIN où la clause de “vulnérabilité” n’aurait pas été appliquée.

Avant la mise en place de la nouvelle procédure “accélérée” en mars 2019, nous coupant des requérant·e·s, la direction du SEM reconnaissait ne pas avoir les moyens d’identifier toutes les situations de vulnérabilité. Or, dans ces nouveaux centres, la situation semble s’être encore détériorée. Notre demande de permanence au centre de Giffers a posé problème au SEM : nous n’avons pas obtenu l’autorisation d’entrer dans le centre.

La plupart des acteurs·actrices de l’asile en Suisse romande étant favorables à ce que nous continuions le travail de l’Appel Dublin, nous avons donc décidé de tenir ces permanences à l’extérieur du centre, sur des tables dépliées sur le parking et dans des mini-bus.

Quinze personnes/familles sont venues nous parler. Parmi elles, 3 cas “Dublin vulnérables”. Cela semble peu. C’est que le SEM organisait en même temps une réunion dans le centre… On se demande aussi si les personnes les plus fragiles n’ont pas osé venir nous voir.

Ali, on ne t’oublie pas !

Voilà bientôt un an qu’Ali, migrant mineur venu sans sa famille, se donnait la mort dans sa chambre, au foyer de l’Etoile. Pour tou·te·s celleux qui l’ont aimé, ce triste anniversaire est rendu encore plus difficile par les conditions d’isolement actuelles et l’impossibilité de se réunir à sa mémoire. Pour affirmer haut et fort qu’Ali n’est pas oublié et rappeler que sa famille attend toujours qu’on lui rende des comptes, les amis d’Ali vous invitent à envoyer en vidéo un petit mot de soutien. Nos témoignages seront montés en une seule vidéo qui sera publiée le plus largement possible et envoyée à la famille d’Ali. Que vous l’ayez connu ou que vous souhaitiez simplement apporter votre soutien, votre parole est attendue et espérée. Vous pouvez par exemple vous adresser à Ali lui-même, ou à sa famille, ou à ses amis. Faites comme bon vous semble ! Voici comment faire :

  1. Filmez-vous avec votre téléphone en mode horizontal,
  2. Enregistrez un message entre 10 et 20 secondes,
  3. Envoyez cette vidéo à l’adresse : rmna.geneve@gmail.com,
  4. Vous avez jusqu’au vendredi 27 mars minuit, dernier délai, (mais là, notre NL arrivera trop tard! Essayez quand même d’envoyer votre video, même en retard!).
  5. Tous les témoignages et les marques de soutien sont bienvenus, on compte sur vous!

Merci de faire tourner cette information le plus largement possible.