Newsletter 25/05 – Avant ou après COVID 19 : la lutte continue !

Requérant-e-s, militant-e-s : la lutte continue !

En mars 2020, malgré la pandémie, le SEM n’a pas ralenti la machine à broyer, si ce n’est quelques heures pour installer des protections en plexiglas dans ses locaux. Alors que des pays comme le Portugal ou même l’Italie assouplissent provisoirement les mesures envers les requérant-e-s d’asile soit en retardant encore les procédures soit en proposant très sélectivement la légalisation d’un certain nombre d’entre eux-elles, le SEM continue son travail « normal ». Du côté de Solidarité Tattes, notre travail a été freiné par la crise sanitaire, mais nous redémarrons.

Retourner auprès des personnes NEM-Dublin

Depuis que les Centres Fédéraux pour requérants d’Asile (CFA) ont commencé à fonctionner, le travail de Solidarité Tattes (ST) est devenu plus compliqué. Entre 2016 et 2019, nous, membres de ST, nous connaissions personnellement les personnes NEM-Dublin. Nous les visitions, les accompagnions, les mettions en contact avec des élu-e-s disposé-e-s à défendre leur droit à l’asile et nous descendions dans la rue pour dénoncer leur situation. Mais une fois les requérant-e-s retenu-e-s (détenu-e-s !) dans les CFA, les contacts proches ont disparu : nous avons pris connaissance des différentes situations à travers les juristes qui ne voyaient plus que faire au plan juridique pour ces personnes. Ensuite, nous avons contacté des élu-e-s pour leur présenter ces situations et leur demander d’en parler au SEM en vue d’une solution. Donc : finis les contacts rapprochés avec les intéressé-e-s. Cette situation nous contrariait au point que nous avons décidé de nous déplacer vers les CFA. En l’occurrence, nous sommes allé-e-s une seule fois devant le CFA de Giffers en mars, car notre initiative a été coupée aussitôt par la pandémie.

Aujourd’hui, nous sommes décidé-e-s à récupérer la proximité et le partage avec les personnes NEM-Dublin. Car c’est bien les liens avec eux-elles qui font notre combat et qui réussissent à éviter des renvois.

Un Conseil d’Etat d’une mollesse écoeurante

Depuis 2019, notre association ST a été amenée à envoyer une dizaine de lettres recommandées au Conseil d’Etat. Il nous répond en général dans les 3-4 mois qui suivent nos missives. Et surtout : ses réponses sont toujours du style « langue de bois », elles esquivent toujours la question précise que nous posons, bref : le Conseil d’Etat refuse tout ce qu’on demande. Pour prendre un exemple récent, nos courriers concernant Ayop Aziz (le jeune Tchadien sinistré des Tattes) ne reçoivent qu’une seule et même réponse : « Le SEM a dit non, donc le Conseil d’Etat dit non ».

Si le Conseil d’Etat n’est capable que d’appliquer servilement les décisions de Berne, quelle est son utilité ? De simples fonctionnaires feraient l’affaire. Nous sommes scandalisé-e-s par cette mollesse ou plutôt lâcheté, en particulier par celle du président du Conseil d’Etat Hodgers, qui ne manque pas de rappeler qu’il a passé par les tribulations de l’exil. Ce Conseil d’Etat est tellement sourd au dialogue que nous sommes désormais forcé-e-s de nous adresser à lui directement par voie de presse.

Un permis B pour W. !

Le 27 avril 2020, l’aîné des fils de la famille Musa a reçu un permis B ! Une famille kurde syrienne était arrivée à Genève en 2015 pour y demander l’asile. Les deux fils et les deux filles les plus grand-e-s de la famille étaient arrivé-e-s ensemble, s’étaient fait renvoyer par vol spécial vers la Croatie puis étaient revenu-e-s en Suisse. Peu après étaient arrivés le père, la mère et la plus jeune sœur de 12 ans. Aujourd’hui, après 5 années de résistance, le fils aîné a donc un permis B et est reconnu comme réfugié politique, le plus jeune garçon et les 2 sœurs ont un permis F et le reste de la famille est toujours en attente. C’est que, lorsque les requérant-e-s sont décidé-e-s, ceux et celles qui les soutiennent le sont aussi ! En tout cas, notre lutte commune a payé !

L’Appel de Pâques : #evacuerMAINTENANT

Près de 40’000 personnes ont signé, (enlever ceci :en moins de 24 heures), l’appel lancé lundi 13 avril 2020 au Conseil fédéral et au Parlement pour qu’ils accueillent un contingent important de réfugié-e-s en provenance des îles grecques. Soutenu par plus de 130 organisations (enlever : suisses), cet appel exhorte les autorités suisses à agir rapidement « Nous demandons instamment au Conseil fédéral et au Parlement de faire venir en Suisse le plus grand nombre possible de réfugiés de la mer Égée. En tant qu’État de Dublin, la Suisse partage la responsabilité de la catastrophe humanitaire sur les îles grecques. Elle dispose des capacités et des moyens financiers nécessaires pour contribuer de manière significative à l’évacuation. Compte tenu de la progression de la pandémie de coronavirus, le temps presse ». Même si, samedi 16 mai, 23 mineurs non accompagnés ont atterri en Suisse, où ils ont pu rejoindre des membres de leur famille, cela reste dérisoire. Car ils sont plus de 40’000 personnes, dont environ 5’600 mineurs non-accompagnés, actuellement contraints de vivre sous des tentes ou des bâches dans des conditions misérables. La Suisse est en mesure de faire beaucoup plus. Vous pouvez encore signer l’Appel de Pâques : www.evacuer-maintenant.ch

Elisa-asile a besoin de notre soutien

En 2019, elisa-asile a tenu 92 permanences juridiques, réalisé un millier d’entretiens avec des requérant-e-s, rédigé des centaines de courriers et recours et permis à plusieurs dizaines de personnes d’obtenir un statut ou d’être réunies avec leur famille. En 2020, il est à craindre qu’elisa-asile n’existe plus. L’association, qui emploie trois juristes à temps partiel, se trouve dans une situation de grave crise financière, péjorée par la crise du coronavirus, crise qui l’empêche d’organiser les événements de récolte de fonds et de soutien planifiés pour ces prochains mois (tournoi de foot, course solidaire, soirée de soutien). Pour soutenir l’association : CCP 12-24928-9 / IBAN CH06 0900 0000 1202 4928 9