4-5-6 mars 2024: Procès en appel concernant l’incendie des Tattes

Non, ce n’est pas fini. Oui, ça fera 10 ans cette année.

Et Monsieur X, responsable en 2014 de la sécurité incendie de tous les CHC (centres d’hébergement collectifs) du canton n’est toujours pas déclaré coupable ni condamné.

Et les sinistrés (une quarantaine, dont 1 mort et 2 personnes gravement lésées dans leur santé physique et psychique) ne sont toujours pas dédommagés et n’ont toujours pas tous reçu un permis B. Parmi eux, Ayop Aziz, vous vous rappelez? Maudet avait essayé de l’expulser vers l’Espagne quelques mois après la catastrophe où Ayop s’était gravement blessé en sautant du 3ème étage pour échapper aux flammes. Il est toujours là, avec une balafre sur le front et un « papier blanc » qui ne donne droit qu’à l’aide d’urgence (10 fr. par jour pour vivoter dans notre ville).

(Pour rappel de ce qui s’est dit au procès de décembre 2022, voir: Procès des Tattes : 8 ans pour rendre l’injustice.)

«La lenteur de la justice»… on se dit que c’est normal, il y a tellement de cas à traiter, les fonctionnaires ne peuvent pas faire mieux, ne peuvent pas aller plus vite. Mais la lenteur de la justice, ce n’est pas un problème de désorganisation dans les institutions qui doit susciter notre compréhension: c’est une volonté politique malhonnête qui permet à la justice de ne pas s’appliquer.

Car comment rendre justice dans l’affaire des Tattes, après tellement d’années, pour obtenir les témoignages de personnes qui ont quitté la Suisse pour la plupart d’entre elles? Comment rendre justice aux plaignants de Giffers qui ont subi les violences des Protectas, alors qu’après plusieurs années ils ont disparu dans d’autres pays européens, vivant dans la rue pour plusieurs d’entre eux? Comment rendre justice, après plusieurs années, en ce qui concerne le suicide d’Ali Reza, décédé en 2019, alors que sa famille vit à l’autre bout du monde et que ses amis sont dispersés en Suisse et ailleurs?

4-5-6 mars 2024: 10 ans pour rendre l’injustice.

Réservez déjà ces dates pour venir soutenir les personnes incriminées et les avocates qui les défendent!

Commémoration des sinistrés – (https://asile.ch/2020/11/17/) 

STOP AUX RENVOIS DUBLIN VERS LA CROATIE

Une conférence de presse a eu lieu le 1er novembre  2023 à Genève afin de dénoncer l’inhumanité des Renvois Dublin.

Des personnes concernées par ces renvois ont pris la parole à cette occasion. Solidarité Tattes s’est également exprimé à cette occasion.

Vous trouverez ci-dessous en vrac les prises des paroles et les témoignages ayant été exprimés à cette occasion.

Prise de parole de Solidarité Tattes et de la Coordination asile.ge:

Nous, collectifs de soutien et personnes concernées, sommes ici pour dire que les renvois vers la Croatie sont inacceptables. En juin 2023, nous avons écrit au Conseil d’Etat genevois pour demander une rencontre urgente afin de leur exposer la situation. Nous sommes toujours en attente de cette rencontre. En attendant, l’Office cantonal de la population continue d’augmenter la pression sur les personnes menacées de renvois. Et les personnes concernées vont de plus en plus mal!

Depuis plus d’une année maintenant, des collectifs de toute la Suisse noncent ces renvois, qui sont exécutés au mépris des droits humains des personnes. Les violences subies par les personnes migrantes sont innombrables, à la frontière comme à l’intérieur du pays. Les conditions d’accueil sont faillantes. L’accès aux soins est souvent impossible. La Croatie n’est pas un pays sûr pour les réfugié·es.

Des rapports ont été publiés à ce sujet, notamment par l’association Solidarité sans frontières, qui s’est rendue sur place. L’Organisation Suisse d’Aide aux Réfugié·es (l’OSAR) et la section suisse dedecins du Monde recommandent de cesser immédiatement les renvois vers la Croatie.

En juin dernier, un greffier du Tribunal administratif féral a missionné à la suite d’un arrêt de principe rendu concernant le renvoi de requérant·es d’asile en Croatie. Il parle de «cas de conscience» et de «nuits d’insomnie», avant de choisir de rendre son tablier par refus d’aller contre l’intérêt public.

La Suisse possède pourtant une marge de manœuvre légale pour ne pas effectuer les renvois des personnes vulnérables, mais elle ne l’utilise presque pas. Comme souvent, le Secrétariat d’Etat aux migrations reste sourd et aveugle aux situations de vulnérabilité des personnes concernées. Seules les statistiques comptent: renvoyer un maximum, ne pas entrer en matière sur le plus de demandes d’asile possibles, quel qu’en soit le prix (pour les personnes concernées).

Actuellement, une vingtaine de personnes et familles se trouvent à Genève et sont menacées de renvoi vers la Croatie. Nous allons leur laisser la parole pour raconter pourquoi ces renvois doivent cesser. Les témoignages que vous allez entendre sont l’illustration de ce que subissent tous les jours les personnes en exil en Croatie, mais aussi ici, en Suisse. Car les conséquences de la menace d’un renvoi qui plane pendant des semaines, des mois, voire plus d’un an, sont dramatiques pour la santé de beaucoup de personnes.

La machine à expulser est lancée et ne ralentit pas. La menace du renvoi plane et cette attente dans l’insécurité est la source d’une violence psychologique insupportable. C’est pourquoi, aujourd’hui, nous demandons à pouvoir être reçu·es rapidement par le Conseil d’Etat et qu’il intervienne auprès des autorités à Berne pour exiger la fin des renvois. Avant qu’il ne soit trop tard. Avant le renvoi de trop.

Les renvois vers la Croatie doivent cesser !

Solidarité Tattes & la Coordination asile.ge

Témoignages

Violences à la frontière

« J’ai essayé d’entrer en Croatie le 13 septembre 2022. Mais la police croate nous a attrapés. On a subi un pushback très violent : ils nous ont fait monter dans leur voiture comme si on était des prisonniers et ils nous ont laissés dans une forêt, près d’une rivière. On était de nouveau en Bosnie ! Ils ont frappé les hommes de notre petit groupe. On a passé la nuit dans cette forêt, dans le froid et la peur.

Le 15 septembre 2022, on a essayé d’entrer encore une fois en Croatie et la police nous a attrapés de nouveau. On a dit qu’on voulait juste passer notre chemin. Alors ils nous ont emmenés, et cette fois-ci, c’était pour nous mettre dans une véritable prison. On est resté douze heures sans de l’eau à boire et sans nourriture, sans soins, sans médecin. Dans une seule chambre, on était plus de 25 personnes. Il y avait entre nous des bébés, des femmes enceintes, des personnes malades, dont moi-même qui étais enceinte de presque six mois. Je me suis évanouie une fois là-bas et à mon réveil, j’ai deman si je pouvais avoir de l’eau, mais ils se sont moqués de moi.

Alors ici, en Suisse, quand on nous envoie la cision négative, on nous dit de retourner en Croatie. Comment les personnes qui m’ont repoussée pourrait maintenant me recevoir, alors que j’ai en plus un bébé ? Non, je n’y retournerai pas. La violence continue, ici et maintenant. Quand c’est que j’aurai la paix ? Le SEM s’en fiche des interviews, il ne m’a pas écoutée. »

Témoignage de Christa

Violences dans la Croatie

« Nous avons pris le train direction Zagreb. Mais avant l’arrivée, le train a stoppé en rase campagne, la police est montée et nous a interpellés. Je pense que c’est le contrôleur qui nous a noncés, même si on avait des tickets.

La police nous a deman de sortir et de nous aligner. Ils nous ont alignés comme des malfrats, comme des criminels. Ils nous ont fouillés. Ils ont pris nos téléphones, on n’avait plus internet, on ne pouvait plus s’orienter. Ils ont pris notre argent, nos écouteurs, nos montres, nos chargeurs. Ils se disputaient entre eux nos objets de valeur : « Hier tu as eu ça, c’est pour moi aujourd’hui ! »

Ils nous ont fait monter dans leur fourgonnette grillagée aux vitres opaques. On était entassés comme des animaux. Ils roulaient très vite, ils freinaient brusquement, on se cognait les uns aux autres. On criait, on pleurait, certains se sont urinés dessus. On a roulé ainsi pendant environ 1h30. Et… on était de nouveau à la frontière avec la Bosnie.

Un à un, ils nous ont fait sortir. Et là, ils nous ont tabassés copieusement. Cela durait de longues minutes, il pouvait y avoir dix policiers sur toi, ils avaient des bagues de frappe. On entendait les cris de ceux qui se faisaient battre. Ensuite, ils leur disaient : « Go ! », et ils les repoussaient de l’autre côté de la frontière en Bosnie.

Mon ami Alain a été frappé, puis mon tour est arrivé. Je suis sorti, il faisait nuit noire, il n’y avait que leurs torches. J’ai vu un corps au sol et j’ai bientôt compris que c’était mon ami.

J’ai commencé à dire mes dernières prières. Ils ne contrôlaient pas où ils frappaient, j’étais comme un sac de boxe et c’était à qui taperait le plus fort. Les femmes étaient tapées aussi. Pas les enfants, mais les ados, oui. Ensuite, ils ont entrechoqué nos téléphones dans un sac avant de nous les rendre. Sans les cartes SIM. La plupart des téléphones étaient cassés.

J’ai vu que c’était mon ami qui était au sol. J’étais tellement traumatisé par la douleur que je ne comprenais plus. Je lui ai dit : « Alain, lève-toi, on part », mais il ne se levait pas. A plusieurs, on l’a amené de l’autre côté de la frontière. On n’arrivait pas à le réanimer. On lui faisait des massages cardiaques. Il avait la tête fendue et il saignait. Ça a duré jusqu’au petit matin.

Il était tout glacé, presque raide, sans pouls. On sentait bien qu’il était mort. J’ai pris une dernière photo de lui. Les policiers ont tiré en l’air en nous disant de gager et c’est là que tout le monde s’est enfui. On a été obligés d’abandonner Alain. Quand on est arrivé ici, on a pensé que c’était enfin la justice, la mocratie.

La Suisse, elle sait très bien comment c’est, la Croatie. Ils nous ont entendus, on a tous dit les mêmes choses. Alors la Suisse est complice avec la Croatie. La Suisse paie la Croatie pour qu’elle reprenne des migrants, au lieu de parler des sanctions à prendre contre la Croatie. »

Témoignage de Merlin

« C’est quand la police croate nous a attrapés à la frontière que j’ai su qu’on arrivait de Bosnie. Ils étaient deux, je revois même leurs visages. Ils nous ont fait coucher au sol, ils ont confisqué les téléphones et ont commencé à nous battre avec des matraques, avec leurs fusils. Ils tiraient près de nous pour nous faire peur. Je passe ainsi une journée et une nuit sous la pluie, sans manger ni boire. Sous les coups, je perds connaissance deux fois.

Puis les familles sont séparées du groupe. J’ai trouvé une fille avec son petit frère, on a dit qu’on était ensemble. On nous emmène. J’ai réclamé mon « frère », et eux, ils ont recommencé à me frapper fort. En réalité, ce « frère » a subi un pushback. Moi, les policiers croates m’enferment dans les toilettes d’un poste de police. J’ai passé la nuit avec un policier pour me surveiller. deux jours sans manger ni boire. Quand j’ai perdu connaissance, ils m’ont apporté des bouts de pain qu’ils ont jetés sur le sol et qu’ils ont piétinés. Ils m’ont dit : « Take that, monkey ». J’ai dû boire l’eau des toilettes. J’étais épuisé, je me suis endormi. C’est là, vers quatre heures du matin, que le policier m’a violé.

J’ai raconté tout ça au SEM et je leur ai dit que s’ils voulaient me renvoyer là-bas, il fallait me donner un cercueil.

L’après-midi, on est venu me chercher pour prendre mes empreintes et me faire signer des papiers, mais je ne voulais pas. Tout était écrit en croate. Mais les policiers m’ont menacé, l’un d’eux a gainé son revolver et m’a posé le canon sur la tempe. Ils m’ont dit : si tu ne signes pas, on t’éclate la tête. Alors j’ai signé.

Une fois dehors, je couvre que je suis à Zagreb. Je suis contrôlé et battu une nouvelle fois. Ensuite, j’arrive à passer en Slovénie, puis en Italie, puis en Suisse. Au Burundi, j’ai fait du bénévolat pour la Croix-Rouge, alors je connaissais Henry Dunant, Genève et sa tradition humanitaire. J’ai pensé qu’on me comprendrait.

Les violences, c’est aussi à Zagreb, pas seulement aux frontières. Il y a des violences dans le pays. En Croatie, on a échappé à la mort. Alors dire qu’on te renvoie en Croatie…, la Suisse te livre à la mort. »

Témoignage de Mandy

« Je suis arrivé en Serbie dans un camp en février 2022. Ma femme m’a rejoint en juillet avec notre enfant qui avait alors 6 mois. Nous voulions aller en Belgique, mais nous avons reçu des informations qui disaient que là-bas, on devait dormir dehors. C’était l’approche de l’hiver et je pensais que ce n’était pas possible pour mon enfant. Alors nous avons quitté la Serbie pour la Suisse.

Nous avons fait 4 tentatives pour passer de la Bosnie en Croatie. Chaque fois, il y avait un pushback, avec les menaces, les chiens et les tirs en l’air pour nous faire peur. Nous arrivions à la fin de notre argent, on pensait qu’on allait mourir de faim, alors on a ci d’essayer encore d’entrer en Croatie, même avec les insultes et les coups.

Les policiers ont séparé les hommes des femmes, ils nous ont pris à part pour nous battre. Ils nous tapaient avec des matraques et ils nous insultaient. Ensuite on nous a mis dans des camions et on nous a conduits une nuit en prison, tous ensemble avec les femmes et les enfants. Sans couverture et sans matelas. Nous avons ôté nos vêtements pour couvrir notre enfant. Sans nourriture, même pas pour notre enfant.

Moi, je ne savais rien sur Dublin, mais on avait tellement peur qu’on a tout accepté : nous avons donné nos empreintes, nous avons pris le papier des 7 days. On nous a laissés devant une gare. On a deman comment faire pour aller à Zagreb. Arrivés là-bas, on a contacté ceux qui avaient passé la frontière avant nous et ils nous ont dit comment faire pour arriver jusqu’en Suisse.

Avec ma femme, on a eu nos entretiens but cembre de 2022. Depuis ce moment, aucune nouvelle, jamais ! J’ai réussi à savoir que notre demande avait été refusée et que la juriste de Boudry avait fait recours. Mais je n’ai jamais pu lire un papier officiel concernant notre situation. Je ne sais pas quand se termine notre Dublin, je crois que c’est fin octobre selon mes calculs, mais rien n’est sûr.

J’ai besoin de vivre dans un lieu sûr, la Croatie ne me semble pas sûre. On ne peut pas vivre en paix dans un pays raciste, un pays qui dit nous haïr. Je n’oserais jamais rien y demander, ils me font trop peur. »

Témoignage de Joseph

Impacts psychologiques

« C’était l’hiver, il y avait de la neige. On a passé deux semaines dans la forêt, 2 semaines ! Et c’était pas à la frontière, c’était à 40 km de la frontière, c’était dans la Croatie. Là-bas, c’était horrible. Même avec des bonnes conditions, on ne peut pas retourner dans un endroit où on a été tellement traumatisés. On a eu peur des policiers. Et maintenant, j’ai toujours peur des policiers, même ici en Suisse.

Pourtant on leur avait dit qu’on ne voulait pas demander l’asile chez eux. On n’a pas voulu demander l’asile. La police nous disait qu’il fallait juste leur donner nos empreintes, c’est tout. Et maintenant, comment je vais demander l’asile à un pays qui m’a violentée ? Alors pourquoi en Suisse il y a des interviews, quand ils connaissent d’avance la réponse ? C’est vraiment du temps perdu.

Ici, il faut tomber dans une grave crise pour avoir accès à un psychologue ou un psychiatre. Quand on va mal, on nous répond : il n’y a pas de place chez le psychologue, mais votre malaise, il va passer avec le temps. En Suisse, j’ai vu beaucoup de fous. Tu peux devenir fou. On est arrivé comme intellectuels, mais on te tue, tu peux devenir fou. La Suisse veut des fous ! Il faut devenir fou pour avoir l’asile. »

Témoignage d’Audrey

Dublin et la maternité

La personne qui nous a livré le témoignage précédent est une jeune mère qui a appris il y a quelques jours le refus de sa requête d’asile et la cision de renvoi vers la Croatie selon les accords de Dublin. Quelques heures plus tard, elle a accouché prématurément, très prématurément. Difficile de ne pas voir un lien entre la nouvelle hyper-stressante et la naissance prématurée.

Une autre personne, mère d’un enfant de moins d’une année, est, elle aussi, sous le coup d’une menace d’expulsion Dublin vers la Croatie. A l’école des sages-femmes, on nous enseigne l’importance de la sécurité et de la sérénité pour l’installation du lien mère-enfant durant les suites de couches. Mais cette évidence semble être valide seulement pour certaines femmes, et pas pour les femmes requérantes d’asile.

Alors stop la discrimination, stop les renvois Dublin!

Viviane Luisier, sage-femme

En Suisse, un autre genre de violences

« J’avais contourné Zagreb, j’avais traversé toute la Croatie, je n’avais jamais donné mes empreintes pendant ce parcours. Quand j’étais en train de sortir de la Croatie pour la Slovénie, la police m’a emmené à Zagreb et j’ai reçu la feuille des « 7 days ». Et après, je suis allé en Slovénie, et je suis arrivé jusqu’en Suisse.

Et un jour, quand j’étais jà à Genève, on me téléphone : tu as Dublin. Mais je n’avais jamais laissé mes empreintes nulle part. Le texte, je l’ai eu par WA. Puis la juriste de Caritas a fait recours, sans me le dire. Elle a fait un second recours, toujours négatif. Je n’ai jamais rencontré d’avocat. Pour mon audition, l’avocate n’a pas pu venir, elle a envoyé un stagiaire. Mais c’est moi qui me suis fendu tout seul. Ensuite, le stagiaire m’a félicité, il m’a dit que j’avais bien parlé.

Alors les juristes et les avocats, ils sont là pour nous aider ou pour nous enfoncer ? Tous ces gens sont là pour nous contrôler.

Et bien sûr, on est privé de travail, on nous nourrit comme des souris. Alors les Suisses, c’est normal qu’ils ne veuillent pas de nous.

C’est pour toutes ces raisons que nous avons deman une rencontre au Conseil d’Etat de Genève il y a plus de 2 mois, mais il ne nous a toujours pas répondu. Nous voulons cette rencontre ! »

Témoignage de Jean-Paul

Ukraine: Un accueil digne, enfin! Et pour les autres?

Tout d’abord, la manchette de la Tribune de Genève annonçait que notre ville pourrait recevoir 10’000 réfugiées ukrainiennes. Quelques jours plus tard, il est question de 15’000 réfugiées. Oui, Genève est en train d’assumer sa mission de ville refuge, enfin! Non seulement Genève, mais aussi la Suisse se profile comme terre d’asile, puisqu’il est question de recevoir jusqu’à 250’000 réfugiées ukrainienenes dans notre pays.

Ce nombre témoigne d’un grand geste de solidarité, et la qualité y est aussi, puisque des permis S seront immédiatement concédés, que le passage en centre fédéral pour requérante d’asile sera limité à quelques jours et que l’accueil qui leur est fait à l’OCPM (Office Cantonal de la Population et des Migrations) est bienveillant, selon le témoignage d’une personne présente dans les bureaux de cet office lors de l’arrivée d’un couple ukrainien. Cet accueil augure d’une intégration qui peut commencer immédiatement: scolarisation pour les enfants, travail pour les parents.

C’est vrai que nous recevons ces jours des réfugiées qui sortent d’une guerre que nous pouvons tous suivre à la télévision, avec profusion d’images de bâtiments pilonnés, de personnes âgées, enceintes, malades et enfants qui se sauvent en passant des ponts improvisés et en escaladant les décombres. Et ces personnes nous ressemblent et vivent à quelques heures de chez nous. Impossible de rester de marbre ou d’écouter les interprétations de cette guerre: il faut tendre la main.

Mais alors… et toutes ces guerres que l’occident mène par procuration avec les bombes à Gaza? au Yémen? en Syrie? en Irak? au Kurdistan? en Afghanistan? Et la guerre sans bombe, mais la guerre quand même, en Erythrée et dans de nombreux pays d’Afrique où la vie est devenue une lutte contre la faim, contre la violence faite aux femmes et aux personnes LGBTQ+? On fait allusion ici à des problèmes socioéconomiques tellement étendus et graves qu’ils sont devenus des problèmes non plus individuels, mais éminemment politiques qui touchent des populations elles aussi énormes et dévastées.

Certaines réfugiées nous déclarent leur stupéfaction face à la solidarité qui se manifeste pour les Ukrainiennes.

Et nous, militantes de l’asile dans le collectif Solidarité Tattes, nous nous posons aussi des questions:

Pourquoi Mme M.U., âgée de plus de 50 ans, ressortissante d’un pays d’Afrique, qui a été soumise à la traite d’êtres humains pendant plus de 10 ans, ne reçoitelle pas la protection de la Suisse?

Pourquoi M. S.E., lui aussi africain, depuis 8 ans en Suisse, ayant vécu la catastrophe de l’incendie des Tattes en 2014 dont il est sorti gravement atteint dans sa santé, pourquoi ne peutil toujours pas avoir un permis B?

Pourquoi la Suisse renvoietelle une famille avec 2 enfants en bas âge vers unpays aussi peu sûr que l’Irak?

Etc., etc.

Et nous continuons de réfléchir:Pourquoi les employés de l’OCPM sontils toujours tellement odieux avec les requérantes qui se présentent à leurs guichets?

Pourquoi le stationnement dans les Centre Fédéraux d’Asile (CFA) pour les réfugiées nonukrainiennes duretil non pas juste quelques jours, mais 140 jours, et parfois plus?

Pourquoi laisseton les jeunes déboutées de l’asile croupir pendant des années avec l’aide d’urgence (dépendance totale des prestations de l’Hospice Général), même quand leur intégration est réussie?

Etc., etc.

Y auraitil un problème de couleur dans la solidarité? Une solidarité «blonde» qui nous montre ce qu’est la véritable solidarité, immédiate et bienveillante, et une solidarité«noire» qui n’est qu’un gouffre qui engloutit les vies, les jeunesses, les espoirs? Si l’on pratique la solidarité avec la population ukrainienne, alors on se sent contente et «en accord avec les valeurs de notre société». Et si on pratique la solidarité avec ceux et celles qui nous ressemblent moins physiquement, mais qui rencontrent les mêmes problèmes que nous dans la vie, ou pire, alors pas de répit, pas de solution, pas de permis?

Inquiétantes, nos autorités, qui tendent la main d’un côté et repoussent de l’autre. En nous montrant ce que doit être la solidarité et combien les solutions sont à portée de main et de portemonnaie, l’Etat suisse (fédéral et cantonal) se révèle et se pointe luimême du doigt: il fait des différences entre les réfugiées! L’une passe, l’autre pas!Alors qu’il pourrait être égalitaire et simplement conforme à la Convention de Genève de 1951. Alors la solidarité tout court, c’est pour quand?1

ST, mars 2022

Violences de genre et asile – témoignages vidéos

Les violences sexuelles et sexistes poussent de nombreuses femmes, filles et personnes LGBTIQA+ à fuir leur pays et à demander l’asile en Europe. Notre combat nous montre chaque jour la violence multipliée que vivent les femmes et personnes LGBTIQA+ venues trouver refuge en Europe.

Dans le cadre du lancement de la pétition européenne “Feminist Asylum”, qui demande une meilleure reconnaissance des motifs d’asile propres aux femmes et aux personnes LGBTIQA+, Solidarité Tattes a recueilli le témoignage de femmes et de personnes LGBTIQA+ qui ont vécu des violences liées à leur genre au cours de leur parcours migratoire. Les témoignages vidéos sont disponibles au bas de la page.

Lancée simultanément dans toute l’Europe, la pétition est adressée à l’Union Européenne, mais également aux États membres de l’espace Schengen.

Pour signer la pétition et obtenir davantage d’informations à son sujet –
https://feministasylum.org

Crédits vidéo: Elena Orioli –
http://linkedin.com/in/elena-orioli-b9167813a

Témoignage de Fawzia, réfugiée éthiopienne en Suisse: La fuite d’un mariage forcé

Partie 1/3

Partie 2/3

Partie 3/3

Mireret, réfugiée érythréenne en Suisse: L’exil avec des enfants

Partie 1/2

Partie 2/2

 

Pour signer la pétition et obtenir davantage d’informations à son sujet –
https://feministasylum.org

Crédits vidéo: Elena Orioli

 

POUR UNE RECONNAISSANCE EFFECTIVE DES MOTIFS D’ASILE PROPRES AUX FEMMES, AUX FILLES ET AUX PERSONNES LGBTIQA+

Conférence de presse de lancement de la pétition “Feminist Asylum”(Genève, 11.01.2021)

Les violences sexuelles et sexistes poussent de nombreuses femmes, filles et personnes LGBTIQA+ à fuir leur pays et à demander l’asile en Europe. Ces personnes sont presque systématiquement exposées à la violence et à l’exploitation tout au long du parcours migratoire.

Arrivées en Europe, des procédures d’asile inadaptées et un accueil indigne les attendent. Et, bien souvent, leurs motifs d’asile spécifiques ne sont pas reconnus, en dépit des principes énoncés dans plusieurs directives européennes et des dispositions de la Convention d’Istanbul qui reconnaît la violence à l’égard des femmes fondée sur le genre comme une forme de persécution donnant droit à la protection internationale.

La pétition européenne “Feminist Asylum”, lancée simultanément dans toute l’Europe le 11 novembre 2021,  demande justement une meilleure reconnaissance des motifs d’asile propres aux femmes et aux personnes LGBTIQA+. Cette pétition est portée par une coalition d’environ 150 collectifs et associations, dont fait partie Solidarité Tattes.

La pétition est adressée à l’Union Européenne, mais également aux États membres de l’espace Schengen, dont fait partie la Suisse. À Genève, la conférence de presse de lancement de la pétition a eu lieu face au Haut Commissariat des Nations unies pour les réfugiés. Cette conférence de presse a fait l’objet d’une vidéo que vous trouverez ci-dessous.

Signez la pétition ici : https://feministasylum.org

Crédits vidéo: Elena Orioli –
http://linkedin.com/in/elena-orioli-b9167813a

 Vidéo de la conférence de presse

STOP immédiat au centre de renvoi du Gd-Saconnex (Genève)!

STOP immédiat au centre de renvoi du Gd-Saconnex (Genève): Signez- la pétition!

 La construction de ce centre jouxtant la piste de l’aéroport a débuté, mais il n’est jamais trop tard pour renoncer à un projet inutile, inhumain, xénophobe et raciste.

Parce que le système des centres fédéraux d’asile:

Génère inévitablement des violences contre les requérant·es d’asile;

Les médias ont récemment révélé les graves violations des droits humains qui ont lieu dans les centres fédéraux d’asile: sanctions arbitraires, obstacles injustifiables à l’accès aux soins médicaux, violences, insultes et comportements racistes de la part des agents de sécurité. Amnesty International évoque, dans son rapport de mai 2021, des actes assimilables à de la torture. Ces violences ne sont pas des actes isolés: on les retrouve dans différents centres fédéraux, les témoignages sont nombreux. 

Traite les personnes venues trouver refuge en Suisse comme des criminelles;

Nécessité de demander une autorisation pour chaque sortie du centre, horaires restrictifs (9h-17h en semaine) rendant impossible une vie sociale à l’extérieur, interdiction de recevoir des visites de ses proches, scolarisation des enfants à l’intérieur même du centre, sanctions à la moindre infraction au règlement, etc. C’est dans ces conditions que l’on prévoit d’”accueillir” celles et ceux dont le seul crime est d’avoir fui les guerres ou la pauvreté.

Pousse les requérant·es d’asile dans la clandestinité;

Près de la moitié des requérant·es que l’on fait vivre dans ces conditions de maltraitance et de semi-détention finissent par sortir du système. Les centres fédéraux déjà existants en Suisse romande sont à moitié vides. Des familles entières sont ainsi poussées dans la clandestinité et donc rendues plus vulnérables encore. Introduire de telles pratiques à Genève reviendrait à se mettre en totale contradiction avec la tradition humanitaire du canton.

Et parce que le projet de centre de renvoi du Grand-Saconnex est particulièrement inhumain;

Ce centre fédéral, coincé entre une bretelle d’autoroute et le tarmac de l’aéroport, est prévu pour fonctionner comme une véritable usine à renvoi. Concrètement, les requérant·es qui, rappelons-le, viennent trouver refuge en Suisse, se verront soumis à des nuisances sonores et à une pollution de l’air dont les valeurs limites sont largement dépassées dans cette zone, avant d’être embarqué-es de force dans les avions.

Nous, soussigné·es, demandons au Grand Conseil et au Conseil d’Etat genevois d’interrompre immédiatement la construction du centre fédéral d’asile et de renvoi du Grand-Saconnex.

SIGNEZ LA PETITION:  

https://act.campax.org/p/stopcfa

Coalition Non au centre de renvoi

Soutiens: 3ChêneAccueil, Agora, Centre Social Protestant Genève, CUAE, Elisa-asile, Droit de rester Neuchâtel, Les Vert·e·s genevois·e·s, LSDH-Genève, Parti socialiste genevois, SIT, Solidarité Tattes, solidaritéS, SSP Genève, Stopexclusion

Renvoi de Tahir: plus de 300 personnes pour dire STOP aux renvois forcés!

Renvoi de Tahir : nous étions plus de 300 ce 24 février pour dénoncer la lâcheté du Conseil d’Etat genevois et la complicité des HUG avec la police.

STOP aux renvois forcés !

STOP aux renvois vers l’Ethiopie !

Prise de parole de Solidarité Tattes

Au nom de Solidarité Tattes, je viens vous dire pourquoi c’est sous les fenêtres du Conseil d’état genevois que nous manifestons aujourd’hui :

Solidarité Tattes ainsi que d’autres collectifs contactent régulièrement le Conseil d’état. Par exemple, pour demander des papiers et le droit de travailler pour Ayop ; ou pour exiger la régularisation des jeunes déboutés qui se voient bloqués à l’aide d’urgence sur le long terme ; ou pour ne pas renvoyer une femme enceinte ; ou encore pour ne pas renvoyer une personne victime de torture.

Et bien sûr, le Conseil d’état a été contacté pour ne PAS renvoyer Tahir Tilmo par vol spécial, le 27 janvier 2021. Pour Tahir, nous avons ameuté tout le Conseil d’état : Poggia, Torracinta, Hodgers et Apothéloz.

Et comme d’habitude, leur réponse c’est : mensonges et lâcheté.

Acte 1 : les mensonges

Voici ce que nous répond à chaque fois le Conseil d’état, je cite : « Nous tenons à vous rappeler que la politique d’asile relève de la compétence exclusive de la Confédération et que les cantons ne disposent d’aucune alternative légale à leur obligation d’exécuter les décisions rendues par les autorités fédérales ». Vous nous rabâchez cette phrase inlassablement, à chaque courrier, à chaque demande. Et pourtant c’est faux !

Car il existe bel et bien une marge de manœuvre qui se trouve entre les mains du canton. C’est bien vous, M. Poggia, qui donnez l’ordre d’aller chercher Tahir sur son lit d’hôpital, c’est bien vous qui donnez l’ordre de l’attacher dans le vol spécial degré 4, le 27 janvier 2021. Vous auriez pu ne pas le faire.

Et c’est bien vous tous, Apothéloz, Hodgers, Torracinta, que nous avons directement sollicités pour empêcher ce renvoi et qui ne l’avez pas stoppé. Car vous aussi, vous auriez pu l’empêcher.

LA SUITE ICI: Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Solidarite Tattes

Prise de parole des ami-e-s de Tahir

A-C Domine

En date du 27 janvier dernier vous avez pris la décision de renvoyer notre ami Tahir Tilmo par « vol spécial » en Ethiopie, malgré les nombreux appels de ses amis, de son avocate et en dépit du fait que son état de santé était au plus bas en raison de sa grève de la faim et de la soif entreprise 4 jours auparavant, qui l’avait amené à être hospitalisé quelques heures avant à la demande du Dr Brander.

 Depuis son arrivée en Suisse il y a un peu plus de 5 ans et bien que débouté et sans droits depuis plus de deux ans, Tahir a toujours été un membre actif de la vie communautaire genevoise. Il était connu et apprécié par tous ceux qui avait la chance de le côtoyer. TAHIR ÉTAIT UN EXEMPLE D’INTÉGRATION RÉUSSIE : Il a appris le français rapidement, il a tissé des liens avec un large réseau d’amis ‘autochtones’ qui non seulement l’apprécient, mais tiennent profondément à lui. Il aimait ce pays et il a VRAIMENT essayé de montrer qu’il pourrait y apporter une réelle contribution. Il ne souhaitait qu’une chose, c’était que ce pays lui donne une chance, une chance de poser ses bagages, une chance de vivre en paix.

LA SUITE ICI: Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Ami_TahirAC

J. Franck

Nous sommes nombreux parmi les amis de Tahir à nous poser de nombreuses questions, et nous voulons aujourd’hui en adresser quelques unes publiquement aux HUG, au SEM, et au conseil d’Etat.

Aux HUG, nous posons les questions suivantes :

  • Tahir a passé tout l’après-midi avant son départ aux urgences, surveillé par deux gardes. En tout et pour tout, il aura eu une consultation de quelques minutes par le médecin interne, et une autre de quelques minutes par la psychiatre. Aucune des deux n’a pris contact avec le généraliste ou le psychiatre de Frambois qui le suivaient depuis plusieurs mois. Par contre, un appel a été passé au médecin d’OSEARA, l’entreprise privée chargée de délivrer le certificat médical « fit for fly » permettant de mettre Tahir dans l’avion.
  • Les médecins étaient-ils en mesure de décider sur la base d’entretiens si courts que Tahir, pourtant très affaibli par sa grève de la faim et de la soif, n’avait pas besoin de rester à l’hopital?
  • Les médecins savaient-ils qu’en écrivant dans leur rapport qu’une hospitalisation n’était pas nécessaire, ils donnaient le feu vert pour le « fit for fly » d’OSEARA et ainsi le renvoi de Tahir?
  • Et plus généralement : existe-t-il une procédure de prise en charge de ces personnes sur le point d’être expulsées qui arrivent aux HUG, et les médecins y sont-ils formés ?
  • La police a-t-elle le droit d’embarquer de force un patient qui ne se trouve pas au quartier cellulaire des HUG mais aux urgences ?
  • Est-il normal que les consultations soient faites en présence d’un garde et avec des menottes aux pieds ?

LA SUITE ICI:  Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Ami_Tahir

Prise de parole de la Coordination asile

A. Brina

Je vais essayer de donner quelques éléments de contexte, parce que le vol spécial vers l’Ethiopie qui nous occupe aujourd’hui n’est pas un événement isolé. Il s’inscrit dans une histoire et dans une politique.

On oublie parfois qu’il fut un temps pas si lointain où les vols spéciaux n’existaient pas, et où la Suisse pourtant se portait tout aussi bien. En 1985, la Coordination asile genevoise a tenu une assemblée générale contre les premiers rapatriements forcés : plus de 1’500 personnes sont venues à cette assemblée générale. C’était les premiers vols spéciaux et c’était choquant – notre société serait-elle en train de s’habituer à cette violence?

Il y a eu ensuite toute une série de lois qui sont venues renforcer les niveaux de violence admis pour de tels renvois : détention administrative pouvant aller jusqu’à 1 an et demi, possibilité de renvois échelonnés. Qu’est-ce qu’un renvoi « échelonné »? C’est la possibilité d’exécuter le renvoi d’une famille en plusieurs étapes. Par exemple: on renvoie d’abord le père sous une contrainte maximale, puis la mère et les enfants, qui sont obligés de suivre.

Rappelons aussi que les vols spéciaux ont déjà provoqué la mort d’au moins trois personnes dans le passé en Suisse (arrêt cardiaque, étouffement).

Si j’ai pris ces quelques jalons, parmi d’autres, c’est pour montrer que nous sommes pris dans une glissade sans fin vers l’inhumanité. Qu’allons-nous bientôt encore inventer? Quelle mesure encore plus inhumaine va-t-on bientôt nous vendre avec l’illusion qu’elle permettrait de stopper le phénomène planétaire des migrations? Quelle est la limite? Elle a selon nous été franchie, c’est pour cela que nous sommes ici aujourd’hui.

LA SUITE ICI: Stop renvois Ethiopie_24.2.21_Coord asile

 

Stop aux renvois vers l’Ethiopie! Rassemblement 24 février 12h La Treille

La Coordination asile.ge condamne le vol spécial de Genève vers l’Éthiopie du 27 janvier. Elle appelle les autorités genevoises à réagir.

 

Dans la nuit du 27 au 28 janvier dernier, un avion spécialement affrété pour le renvoi de demandeurs d’asile déboutés s’est envolé de l’aéroport de Cointrin vers l’Éthiopie. À son bord se trouvait notamment Tahir Tilmo, demandeur d’asile qui avait été attribué au canton de Genève et dont l’exécution du renvoi dépendait de la police genevoise. Tahir Tilmo avait été arrêté et était détenu à Favra puis à Frambois pour des raisons administratives depuis le 7 septembre dernier. Cet universitaire avait appris le français, participait à diverses activités organisées au sein de l’université genevoise, et était décrit comme une personne bien intégrée. Une pétition, signée par plus de 1000 personnes et demandant au Conseil d’État de le soutenir, avait été déposée. Le Conseil d’État n’y avait pas répondu. Une forte mobilisation citoyenne a eu lieu pour essayer d’éviter l’exécution du renvoi. En vain.

Quatre jours avant le vol spécial, Tahir Tilmo s’était mis en grève de la faim et de la soif. Le 27 janvier, sur l’avis d’un médecin généraliste qui l’a examiné à Frambois, il a été conduit au service des urgences des HUG. Il y était entravé par des liens aux pieds – comme si dans son état il pouvait échapper aux deux policiers qui le flanquaient ! Après quelques examens, la police est venue le chercher aux urgences pour le transférer à l’aéroport. Comment se fait-il qu’un homme en grève de la faim et de la soif, se plaignant de douleurs importantes, ait pu être considéré comme apte à subir le choc d’un vol spécial ? Les médecins qui l’ont jugé apte à être renvoyé connaissaient-ils les conditions violentes dans lesquelles se déroule un renvoi forcé ? La police a-t-elle forcé la main au personnel soignant des HUG ? Trois demandeurs d’asile déboutés sont déjà morts au cours de telles opérations : quel(s) risque(s) les autorités genevoises ont-elles fait courir à Tahir ? La Coordination asile.ge exige des réponses à ces questions qui sont du ressort des autorités genevoises, pour éviter de futurs décès.

Ce vol spécial était l’un des premiers à destination de l’Éthiopie, suite à la signature d’un accord entre la Suisse et le gouvernement éthiopien en 2018. Cet accord a été signé au moment où l’élection d’un nouveau premier ministre dans le pays africain donnait l’illusion d’une stabilité retrouvée. Mais depuis la situation a beaucoup changé, et une guerre a éclaté au nord du pays. Selon les observateurs avertis, l’Éthiopie risque de sombrer dans une guerre civile sur fond de divisions ethniques. La Coordination asile.ge se joint à l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés pour demander aux autorités fédérales la suspension immédiate des renvois forcés vers l’Éthiopie, en raison de l’instabilité politique qui prévaut dans ce pays et qui génère des situations de violence.

De manière générale, la Coordination asile.ge exprime son opposition aux vols spéciaux de niveau 4, qui équivalent en soi à des formes de mauvais traitement. En autorisant que de telles opérations se déroulent à Genève, les responsables politiques genevois faillissent à protéger les droits humains et l’image de notre cité. Il existe une contradiction majeure entre d’une part l’émotion qu’un tel renvoi suscite au sein de la population genevoise doublée de l’expression d’une certaine indignation par des responsables politiques jusqu’au Conseil d’État, et d’autre part la construction en ce moment même d’un centre de renvoi et de nouvelles places de détention administrative au Grand-Saconnex, en un complexe dévolu à la multiplication d’opérations de ce type. La Coordination asile.ge demande aux autorités genevoises de manifester auprès des autorités fédérales leur intérêt à mettre en œuvre sur le territoire cantonal une politique de refuge, d’accueil et d’intégration plutôt que d’exclusion et de renvoi forcé.

Reconstruction of a forced deportation carried out by the Swiss authorities english YouTube

Des nouvelles de Solomon

Suite au vol spécial du mercredi 27.01 (Informations ici) qui a eu lieu malgré toutes les protestations et la grande mobilisation, vous trouverez ci-dessous des nouvelles de Solomon et la manière dont les derniers jours avant son expulsion ce sont déroulés.

Il est actuellement en Éthiopie, hébergé chez des ami-es, le temps d’atterrir. Pour l’aider à se reconstruire suite à ce départ imposé, vous pouvez envoyer votre soutien sur le compte suivant:
Coordination Asile Lausanne, CCP 17-549478-7. Mention: “Solomon”
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Un plan de vol pour l’Éthiopie a été remis à Solomon il y a cinq mois. Plan de vol qu’il a refusé. Sa vie était en Suisse. Il travaillait dans un atelier de mécanique vélo, était engagé dans le foyer dans lequel il vivait, apprécié de tout le monde. C’était évident qu’il ne pouvait pas accepter de partir. Suite à son refus, il a continué à recevoir, comme auparavant, l’aide d’urgence (qu’il devait renouveler tous les 2-3 mois). Puis, rien d’autre, la vie continuait. Pas d’assignation à résidence l’obligeant à rester à la maison en attendant que la police l’emmène, pas d’ordonnance pénale, rien. Rien n’indiquait qu’il allait être arrêté prochainement dans les locaux du service de la population (SPOP).

Mardi 19 janvier 2021. Au matin, Solomon va renouveler son papier d’aide d’urgence (action qu’il devait faire régulièrement pour garder son droit au logement à l’EVAM entre autres). La personne au guichet lui demande de patienter dans la salle d’attente. 10 minutes plus tard, deux policiers pénètrent dans les locaux du SPOP et l’embarquent. Menottes aux poignets, sans aucune explication. Solomon se sent traité comme un criminel. Sans que personne ne lui explique ce qui lui arrive, il est emmené en voiture. Pendant le trajet, Solomon demande à joindre son patron pour le prévenir qu’il ne sera pas au travail l’après-midi. C’est la seule demande qui lui est consentie. Il va changer plusieurs fois de véhicule – voitures et fourgonnettes – il est complètement déboussolé et ne comprend pas pourquoi tout ce cirque pour le transporter qui sait où. Ce n’est qu’en arrivant sur place qu’il apprend qu’il a été emmené à Genève, à la prison de Frambois, où il passera la nuit. 

Mercredi 20 janvier. Solomon est ramené à Lausanne pour comparaître devant le tribunal des mesures de contrainte et d’application des peines. Là, Solomon rencontre pour la première fois, et qui fut aussi la dernière, l’avocat qui lui a été attribué (qui était, en fait, le stagiaire de l’avocate censée s’occuper de sa situation), accompagné d’un interprète anglais, langue que Solomon ne parle pas. Lorsqu’il le fait remarquer au procureur, ce dernier lui répond : “On va faire avec”. Sous-entendu par-là que Solomon ne connaîtra pas le contenu du jugement, à part quelques éléments qu’il a compris en français et de bribes d’anglais. Oui, malgré le fait qu’il ait précisé qu’il ne parlait pas anglais, l’ensemble du jugement lui a été traduit dans cette langue.

Ensuite, Solomon est ramené à Frambois, au sous-sol, dans une pièce avec toilettes et lavabo. Il y est placé en isolement jusqu’au mardi suivant. Il n’est autorisé à voir personne, mesure COVID. Il reçoit les appels seulement quand le personnel de la prison est disponible pour les lui transférer. Impossible non plus de lui rendre visite.

Plus aucune nouvelle de sa supposée avocate jusqu’au lundi 25 janvier, date à laquelle il reçoit un appel pour lui dire qu’elle passera mardi. Or, mardi, personne ne vient.

Dans la nuit de mardi 26 à mercredi 27, ses ami-es, son équipe de foot, viennent devant la prison de Frambois depuis Lausanne, pour être là au cas où Solomon serait emmené de nuit à l’aéroport. Iels veillent toute la nuit jusqu’au petit matin, avant de retourner à Lausanne pour le travail. Deux heures plus tard, on apprend que la police vaudoise est arrivée à Frambois avec l’intention de ramener Solomon dans le canton de Vaud. Il est dit aux personnes encore postées devant la prison en soutien aux incarcérés, que le vol n’aurait “peut-être pas lieu”.

Les ami-es de Salomon appellent Frambois pour savoir où il a été transféré. Les gardiens leur répondent qu’ils ne peuvent pas donner cette info, qu’ils doivent appeler le service de la population (SPOP) vaudois. Lorsque ses ami-es appellent le SPOP, on leur dit que seule l’avocate peut avoir accès à ces informations. Sa sœur ne compte pas. Son avocate n’en a rien à faire de lui, mais plusieurs personnes essaient de l’appeler tout de même puisqu’elle semble être la seule à avoir droit à cette information si confidentielle. On pense qu’il a été emmené à nouveau dans les locaux de la police cantonale de la Blécherette. Le pourquoi du comment les policiers ont procédé ainsi reste un mystère. L’avocate attend la journée du mercredi 27 janvier, le jour du vol spécial, pour faire une demande de réexamen, qui bien sûr arrivera trop tard. Elle laisse encore cette journée s’écouler avant de lâcher qu’elle ne sait pas où se trouve Solomon, sans avoir pris la peine de passer un coup de fil à la réception de la police cantonale.

Mercredi 27 janvier. Dans la soirée, Solomon est transféré depuis Lausanne vers l’aéroport de Genève (matin à Frambois, après-midi à Lausanne, retour à Genève le soir). Il aura dû d’abord subir la torture psychologique de la police de la Blécherette. Affaibli par sa grève de la faim et cherchant à trouver du repos, Solomon est réveillé à maintes reprises par les policiers qui entrent dans sa cellule, lui enlèvent la couverture, puis repartent. Il est ensuite déshabillé, et plaqué contre le mur pour une fouille intégrale – lors de laquelle les policiers se foutent de lui.

“Ils m’ont humilié jusqu’au bout”

 A nouveau menotté, il est embarqué dans une voiture. Personne ne lui dit où il va. Une fois arrivé à l’aéroport de Genève, il est contraint de se diriger vers l’avion, encadré par deux policiers. Quand Solomon monte dans l’avion, les policiers précisent qu’il a un certificat médical. Dans l’avion, ils étaient 7 Ethiopiens de Suisse, 3 des cantons romands et 4 des cantons germanophones, plus de 40 policiers. Pendant le trajet, un des policiers lui tend une enveloppe en lui disant que c’est de l’argent auquel il a droit, une somme d’un peu plus de 1000 .-. Solomon signe une sorte de reçu, attestant qu’il a bien reçu l’argent, un papier écrit à la main. Arrivé à Addis Abeba, il ouvre l’enveloppe dans laquelle il n’y a plus qu’une centaine de francs, le policier lui a donc dérobé 1000.-. « J’aimerais comprendre pourquoi il a fait ça ».

Solomon a pu sortir de l’aéroport et il va « bien », il atterrit.

[Témoignage recueilli par les ami-es de Solomon]

#ShutDownORS : Virez l’ORS Service AG à cause des risques sanitaires pendant la pandémie de Corona

Le Covid a éclaté dans le centre de retour d’Aarwangen, dans le canton de Berne. La prise en charge minimaliste et l’infrastructure inadéquate de l’ORS Service AG créent un danger pour les personnes hébergées dans le centre de retour.
„Stop Isolation“, le Migrant Solidarity Network (MSN) et les Jurist.e.s Démocrat.e.s Berne (djb) revendiquent :
  • Hébergement immédiat des personnes du centre de retour d’Aarwangen dans des lieux humains et adaptés à la quarantaine. Les locaux doivent être suffisamment spacieux et les installations sanitaires doivent être suffisantes pour que les règles d’hygiène et de distance puissent être respectées.
  • Accès aux tests pour TOU.TE.S les résident.e.s des centres de retour dans le canton de Berne (y compris le transport vers le centre de test).
  • Accès à des soins médicaux adéquats pour ceux et celles qui sont tombé.e.s malades.
  • Paiement de l’aide d’urgence complète de huit au lieu de quatre francs par jour – également pendant la quarantaine.
  • Réalisation d’une enquête indépendante sur les conditions d’hébergement dans les centres gérés par ORS Service AG dans le canton de Berne.
  • Retrait du mandat d’ORS Service AG pour la gestion des centres de retour dans le canton de Berne.

Signez ICI

Pétition du MASM (Médecins Action SAnté Migrants) à I. Cassis: « Où est la tradition humanitaire de la Suisse ? »

La réalité dans les camps actuels des îles grecques est atroce et inhumaine ; à la frontière bosniaque/croate, des milliers de personnes sont actuellement menacées de mort de froid. Il est considéré comme contraire à l’éthique d’utiliser des images pour exprimer la misère de nos semblables, tandis que de fermer les yeux, de déléguer des responsabilités à autrui, sont apparemment socialement et politiquement acceptables, même dans une démocratie comme la Suisse.

Les soussignés soutiennent la demande des médecins vaudois de la MASM à leur collègue et Conseiller fédéral, le Dr. Ignazio Cassis, de soutenir l’admission immédiate de 5000 réfugiés en Suisse.

Signez ICI

Tahir et Solomon en grève de la faim. NON aux renvois vers l’Ethiopie!

Solidarité Tattes relaye ici le communiqué de presse des ami-e-s de Tahir et Solomon:

Communiqué de presse – 27 janvier 2021

Alors que l’Ethiopie est en proie à des violences indicibles, la Suisse affrète tranquillement un vol spécial vers Addis Abeba

4ème jour de grève de la faim et de la soif pour Tahir et Solomon, détenus à Frambois en vue de leur renvoi par vol spécial prévu AUJOURD’HUI 27 janvier 2021.

Au moins 5 personnes devraient être renvoyées dans ce vol spécial depuis la Suisse. Pour deux d’entre elles, le Comité contre la torture des nations unies a demandé à la Suisse l’annulation du renvoi. Nous demandons urgemment aux autorités cantonales et fédérales de renoncer à ce vol spécial et d’annuler l’ensemble de ces renvois.

 

Ce matin, la police vaudoise est venue chercher Solomon à Frambois. Nous ne savons pas où il se trouve actuellement. Quant à Tahir, il est extrêmement faible à son 4ème jour de grève de la faim et de la soif.

Notre mobilisation ne faiblit pas : venez nous rejoindre devant Frambois, au 27 route de Satigny.

https://lecourrier.ch/2021/01/25/en-greve-de-la-faim-et-de-la-soif/
https://www.rts.ch/info/suisse/11928119-le-renvoi-par-la-suisse-de-requerants-d-asile-ethiopiens-est-pointe-du-doigt.html
https://www.letemps.ch/suisse/ethiopiens-menaces-renvoi-retours-aux-bases-legales-contestees
https://www.tdg.ch/tahir-terrifie-a-lidee-detre-renvoye-en-ethiopie-921034836832

Que cessent :

– Les renvois forcés vers l’Ethiopie
– La conclusion d’accords opaques avec les pays tiers
– Le recours à la détention administrative en vue des renvois

NON AU VOL FRONTEX PREVU LE 27 JANVIER !!!

Les ami-e-s de Tahir et Solomon

NON aux déportations vers l’Éthiopie ! NON au vol spécial du 27 janvier !

Alors que l’Ethiopie est en proie à des violences indicibles, la Suisse affrète tranquillement un vol spécial vers Addis Abeba.

Une des victimes de cette indignité, Tahir, a entamé une grève de la faim et de la soif ce dimanche 24 janvier 2021. Trois autres personnes seront également déportées lors de ce vol.
Que cessent :

Les renvois forcés vers l’Ethiopie
La conclusion d’accords opaques avec les pays tiers
Le recours à la détention administrative en vue des renvois

NON AU VOL FRONTEX PREVU LE 27 JANVIER!!!

Solidarité Tattes relaye ici les communiqués de presse des amis de Tahir et de la coordination asile vaudoise:
Non au renvoi de Tahir 210125
CP_renvois_ethiopie

Solidarité Tattes est une association citoyenne qui se bat pour des conditions de vie dignes et pour un accueil inconditionnel des migrant·e·s.